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lundi 29 janvier 2007
[Faire suivre le courrier]
jeudi 25 janvier 2007
[Mercicotte]
mercredi 24 janvier 2007
["Cœur de café" ou : la liqueur de Ritella]
Ingrédients
[L'ombre de Ritella]
On a fait une pause d’une nuit à Cattolica… Petit-déjeuner… c’est quoi cette tasse ? Il est où mon bol ? C’est quoi cette arnaque ? Ces italiens tout de même ! Quoi ? il FAUT que je mette du sucre ? ah non hein. J’ai mis des années à m’en passer… première gorgée. Si. Il FAUT que je mette du sucre. Et ensuite………. Le bonheur. Mon baptême du café, à 22 ans. Epais, long en bouche, le verre d’eau à côté pour ne pas développer la caféine et préserver le goût. Quel nectar… Quelle puissance. Pas d’amertume, le goût qui reste en bouche, fruité et imposant, longtemps. Le sang qui va plus vite dans les veines, mais toujours régulièrement, le réveil des sens et des membres. J’étais déjà accro.
Mon deuxième meilleur-café-de-toute-la-vie entière fut celui de la Ritella. La tata du chéri, la sœur de Giuseppe, toute droite sous ses cheveux en broussaille, sa crinière épaisse de vieille bête, grise au-dessus des sourcils furieux, restés noirs. Elle nous attendait dans l’embrasure de sa porte, tenant le rideau de perles rassemblé à sa gauche, appuyée un peu au mur très blanc. Son petit mari à la Dubout - un Dubout qui aurait dépeint un paysan des pouilles usé par le choc de la bêche sur les cailloux- s’était posé sur le banc de pierre, dans la ruelle pavée. Tout tordu, les yeux allumés encore, sombres et malins. Nous étions arrivés au port. Elle m’a prise contre sa large poitrine odorante de mama, m’a serrée. Elle me parlait en patois de la Puglia, ignorant certainement qu’il existait des coins du monde où on ne comprenait pas sa langue un peu nasale, traînante et chantante. Elle me serrait fort, j’ai compris qu’elle me trouvait belle, elle souriait, et puis elle s’est mise à pleurer. L’émotion, je comprenais vaguement aussi qu’elle me parlait d’une voisine morte… Je ne voyais pas bien le rapport, mais je me laissais aller à son débordement, j’aimais déjà ça, j’étais chez moi, pétrie comme de la bonne pâte, adoptée.
Malgré les musiques de la rue, nous ne nous levions que vers 9 heures. Quand on descendait, la Ritella était debout depuis longtemps. Elle avait déjà vaqué au ménage, à la lessive, son petit mari sous casquette était aux champs, la sauce des pâtes de 13 heures commençait à ratasser, elle venait sans doute de boire à grandes lampées de l’eau glacée qu’elle entreposait dans un frigo hors d’âge ; dans la bouteille, au centre, le liquide était un glaçon géant. Elle nettoyait la ruelle devant chez elle. Elle criait depuis dehors "il y a du café !". Et quel café. Elle l’avait préparé dans sa petite moka, sur un coin de réchaud. Il était noir comme la nuit, rond comme un fruit, sucré comme du miel et… froid. Il rafraîchissait en même temps qu’il revigorait, il frictionnait sans âpreté aucune, nous étrillait de jour nouveau. Un grand bonheur que ce café-là, presque maternel, qui précédait nos déambulations dans la vallée des trulli.
Cette année, à Noël, j’ai voulu gâter mes invités en leur faisant des cadeaux maison. Parmi ceux-ci, une liqueur au café. J’ai retrouvé, à la goûter en plein hiver, le grand réconfort et la chaleur de ces moments de soleil, à l’ombre des murs charnus, le goût cousin de mes premiers matins d’Italie. Ce sera donc mon hommage à La Ritella, une liqueur qui ressemble à son café béni, du temps des amours naissantes et évidentes. La recette en cliquant ici.
Le soleil des Scorta : roman magnifique, à lire absolument pour se retrouver à la table de Ritella, chez ses cousins et cousines de la Puglia. Cliquez sur l'image pour plus de détails.
vendredi 19 janvier 2007
[ReKKVKVKpitulons donc]....................
jeudi 18 janvier 2007
[Le caprice de la Reine de Coeur] ....................
INGREDIENTS
Brioche
400 g de farine,
125 g de beurre mou,
80 g de sucre,
2 cc de levure instantanée
15 cl de lait
2 sachets de thé au caramel
2 œufs
50 grammes de pépites de caramel (rayon pâtisserie grandes surfaces)
1,5 cc de sel
Nid d’abeilles
50 g d’amandes effilées
25 g de sucre semoule
25 g de miel de fleurs
10 g de beurre
50 g de crème fraîche.
TECHNIQUES
Préparation du levain
On fait bouillir le lait, on y met à infuser les deux sachets de thé au caramel. Quand il est redescendu en dessous de 35° mais est encore tiède, on le mélange dans un saladier au sucre, à la levure et à 50 g de farine prélevés sur la totalité. On couvre et on patiente environ 45 mn.
Pâte et pétrin
On met le reste de farine(350 g) en puits, et on y incorpore les œufs battus en omelette ainsi que le sel. On ajoute le levain. On pétrit le pâton ainsi obtenu une dizaine de minutes. On incorpore enfin le beurre en petits morceaux et en quatre ou cinq fois. On pétrit bien entre chaque incorporation, la pâte semble se défaire, reprend du corps, de la force, se reforme. J’ai pétri à la main, une demi-heure.
Première pousse et repos au frais
On laisse pousser la pâte deux à trois heures.
On la met ensuite sur le plan de travail, on l’aplatit pour la dégazer. On la remet en boule. On la glisse au réfrigérateur pour la nuit en la couvrant avec du film alimentaire.
Apprêt
Au bout de 10 à 12 heures, on renverse la pâte sur la table, elle a pris du volume. On la travaille, la plie, la torture une dizaine de minutes à nouveau. On l'étale avec les mains, sans la déchirer, on y répartit les pépites de caramel et on en fait une boule ; avec deux doigts plantés au milieu de la boule, on atteint le plan de travail, on élargit le trou ainsi creusé, tout doucement, jusqu’à ce qu’il fasse une dizaine de centimètres de diamètre. On essaie de ne pas déchirer la pâte. On introduit la fève depuis le centre.
On couche la couronne ainsi formée sur une plaque recouverte de papier sulfurisé.
Au centre, on pose un bol retourné, généreusement beurré.
On laisse monter pendant 3 à 4 heures.
Cuisson et finitions
On préchauffe le four à 210 °
On dore la brioche au jaune d’œuf, on enfourne, on baisse le thermostat à 180°
On cuit 20 à 25 minutes, si la couronne dore trop vite, on couvre d’aluminium.
Le nid d’abeilles
Dans une casserole, on porte à ébullition la crème fraîche avec le miel, le sucre et le beurre. On laisse bouillir à petit feu une dizaine de minutes en remuant. On ôte du feu, on ajoute les amandes, on mélange délicatement.
On ouvre le four, on augmente le thermostat à 240° (pour éviter un coup de froid à la brioche) et on travaille sur la porte ouverte, au chaud. On recouvre la brioche du nid d’abeilles, délicatement, à la cuillère.
On remet au four, on baisse à nouveau le thermostat à 180 ° et on va laisser environ une dizaines de minutes, en surveillant bien pour que les amandes ne brûlent pas. (si les amandes venaient à être dorées alors que la brioche n’est pas encore cuite, on couvre d’aluminium).
On sort, on attend. SI. On démoule au bout d’une demi-heure. On sort le bol par le bas. Et puis voilà ! Ah non, il reste à décorer ; ici quelques gâteaux vitraux dégotés sur supertoinette et dont je donnerai la recette plus tard, si j’y pense.
Verdict
Pour moi……. Mmmmmmmmmmmmmmmmmmmmm…… un bonheur, j’en ronronne encore. Et ce nid d’abeilles… quelle gourmandise… Pour la fille ? Plutôt très séduite elle aussi. Le père a préféré celle de Taor. Ce qui ne l’a pas empêché de terminer celle-i au petit-déjeuner.
- Ben ! Je croyais que tu avais préféré l’autre !
- Moui mais bon… fallait bien finir .
Il est trop bon. Ceci dit, elle ne vieillit pas terriblement bien. Elle rassit beaucoup plus que la couronne de mon quatrième roi-mage. A dévorer toute entière le jour-même, donc.
[Qu'on lui coupe la tête !]....................
Je me réveillai en sursaut.
- Hein euh… mais qu’est-ce qui vous prend ?
- Je vous demande qui est ce roi Taorrrrr ! répéta-t-elle d’une voix stridente
- Vous avez vu l’heure ? ? ?
- Répondez !
- Un roi d’ailleurs, d’un autre livre
- Il n’existe pas d’autre liiiivre !
- Oh eh votre majesté, vous vous calmez hein parce que bon, là, j’ai sommeil. Alors on en reparle demain, vous retournez dans votre jardin en papier et vous me laissez dormir.
J’ai appris depuis longtemps à être ferme avec la Reine de Cœur. Je crois que dans le fond, à cause de ça, elle m’aime bien. Et puis de toute façon, j’ai beau m’opposer, je finis toujours par faire ce qu’elle veut. Pas par crainte de me faire couper la tête, après tout ce n’est qu’une carte à jouer, non plutôt pour avoir la paix. La reine de cœur aurait pu être chanteuse d’opéra si seulement elle avait l’oreille musicienne. Elle a le coffre, les décibels, mais pas la mélodie. C’est un calvaire de l’entendre tonitruer. Et la Reine de Cœur ne dort jamais. Ce qui est très embêtant quand il lui vient, comme là, l’envie de quelque chose en pleine nuit. Là, je savais pertinemment de quoi il s’agissait. La Reine de Cœur ne supportait tout simplement pas que j’aie concocté une couronne briochée pour Taor, un autre souverain (elle qui se croit unique) et rien pour elle. La Reine de Cœur est orgueilleuse et gourmande.
- Bon sa majesté, vous vous taisez si je vous promets de vous faire une couronne à vous aussi dès demain ?
- ….
- Oh arrêtez donc un peu de bouder. Vous la voulez comment votre couronne ?
- Dorée !
- Forcément. Mais encore ?
- Je ne sais pas, c’est vous la cuisinière.
- Mmmm… voyons voir…. Qu’est-ce que vous aimez ?
- J’aime les amandes !
- Ah bon ? c’est nouveau ça ?
- Non ! vous ne le saviez pas, voilà tout ! j’aime les amandes, je viens même de décider à l’instant de publier un décret ordonnant à mes sujets de me payer l’impôt en amandes.
- Soit. Ah ! je sais ! une reine aime le thé !
- Oui, cela va sans dire. Le thé, c’est royal.
- Bon, filez, j’ai assez d’éléments pour vous tricoter une couronne.
- Vous avez intérêt à ce que ce soit réussi sinon vous savez ce qu’il vous en coûtera.
- Je sais, je sais, je sais… depuis le temps… On me coupera la tête. Je ne pus retenir un soupir, assorti d'un haussement d'épaules.
Elle disparut, rouge cerise de fureur. Le bruit du livre qui se refermait me fit penser à celui d’une chouette qui frôle une fenêtre, tard avant l’aube.
Il fallait donc que je me mette au boulot. Ingrédients obligatoires : thé, amandes. Oui mais, me dis-je, on sait bien que la Reine et Alice sont censées ne pas pouvoir s’encadrer mais on sait aussi qu’elles sont inséparables quand il s’agit de papoter autour d'un goûter…. Et Alice n’est qu’une petite fille. L’amertume du thé pourrait la rebuter…. Comment l’atténuer. Le livre sur les genoux, je relus :
" Cependant, ce flacon ne portant décidément pas l’étiquette : " poison ", Alice se hasarda à en goûter le contenu ; comme il lui parut fort agréable (en fait, cela rappelait à la fois la tarte aux cerises, la crème renversée, l’ananas, la dinde rôtie, le caramel, et les rôties chaudes bien beurrées), elle l’avala séance tenante, jusqu’à la dernière goutte. "
Alice trouvait donc fort agréable le goût des cerises. Oui mais ce n’était pas la saison. La crème renversée ? l’ananas ? ça ne m’inspirait guère… La dinde rôtie déjà beaucoup plus mais je craignais que la reine ne trouve l’allusion trop marquée. Les rôties… chaudes… bien BEURREES … mmmm… je ne savais pas trop ce qu’étaient les rôties mais j’imaginais quelque chose de croustillant et sucré… gras, aussi, cela va sans dire… et puis le caramel ! c’était vendu ! La couronne serait au thé au caramel, aux pépites de caramels, et je la recouvrirais d’un nid d’abeilles d’amandes rôties, au miel, beurre et crème.
La chose fut faite. Quand la reine l’aperçut elle poussa un cri de contentement si aigu que le verre des gâteaux bijoux dont j’avais couvert sa couronne, se fendit. Elle est en train d’en manger un morceau au moment où je vous parle…. Je ne sais pas si elle voudra partager avec Alice cette fois. Elle se tait enfin, je crois l’entendre ronronner. Ah mais voilà des petits pas qui accourent sur le bois de la bibliothèque. Alice va s’imposer au goûter royal.
Comment ? Ah oui, où ai-je la tête, on est là pour ça : La recette.